Arles

Bâtie au delta du Rhône, Arles garde de son passé antique quelques glorieux vestiges tels que son théâtre et ses arènes. Ces dernières, érigées en 90 après J-C, ont renoué avec leur fonction d'origine à partir de 1830 avec les premiers spectacles taurins. Elles sont toujours le théâtre deux fois par an de la féria, qui rythme depuis 1965 pendant quatre jours la vie de la cité autour des traditions tauromachiques. La féria de Pâques, fin mars et la féria du riz, traditionnelle corrida goyesque qui se tient en septembre, avec les toreros en costumes d’époque et la réalisation d’une fresque éphémère sur le sable de l’arène.

La tour LUMA

Conçue en écho à la nuit étoilée de Vincent Van Gogh, la tour LUMA, dont la forme suggère les massifs des Alpilles, émerge d’une rotonde en verre rappelant les arènes romaines, illumine de ses 11000 briques d’inox martelé le paysage arlésien. Née de la collaboration entre la collectionneuse et mécène Maja Hoffmann et l’architecte Frank Gehry, la Fondation LUMA, à la fois centre d’art, de recherche et de production liées aux préoccupations environnementales, accueille tout à la fois de la photographie, de l’édition, du documentaire, du multimédia… La tour est également l’espace d’exposition d’œuvres créées spécialement pour le lieu par quelque uns des grands noms de l’art contemporain tels que ce vertigineux miroir qui tourne sur son axe au sommet d’un escalier hélicoïdal de l’artiste danois Ólafur Elíasson. 

Au rez-de-chaussée de la tour LUMA, l’entrée du DRUM CAFE est habillée d’une monumentale  tapisserie de dix mètres de long, confectionnée par les artisans de la manufacture d’Aubusson. Conçu par l’artiste thaïlandais Rirkrit Tiravanija, cet espace de création accueille des chefs en résidence qui font évoluer la carte au gré des saisons et de leurs inspirations. Invitée à la saison 2023, la cheffe Ella Afalo y défendait une cuisine vibrante de tonalités et de saveurs qui trouvait son ancrage dans ses origines levantines. Ce qui donnait à la fin de l’été… d’égayants beignets au cumin et gouda, relevés d’harissa à l’amande à slurper d’un délectable aïoli safrané. Des udon, du chinchard grillé et de parfaits légumes nageaient dans un délicat consommé froid de crabe, katshobushi et huile de carapace. En dessert, un friand bao chaud au sucre et cannelle garni d’un sorbet abricot verveine et sumac et d’un abricot rôti.

LE SAUVAGE. Pains et fleurs.

En ouvrant avec son ami Pierre Collet, qui fermentait ce projet depuis plus de six ans, une boulangerie, Le Sauvage, Maja Hoffmann créé une nouvelle fois la surprise. Dans un espace signé de l’architecte Raffaela Bortoluzzi, qui devrait accueillir prochainement un fleuriste, les boulangers mettent la main à la pâte derrière les baies vitrées du fournil. Les pains sont confectionnés au levain naturel avec des farines biologiques du Moulin Saint-Joseph, situé à quelques kilomètres d'Arles et dont les origines remontent au XVIème siècle. Les brioches, qui renferment un cœur de praliné rivalisent de coquetterie avec celles au chocolat relevé de poivre de Timut.

Le café japonais

L’enseigne peinte en rouge de l’ancienne boucherie de la rue du 4 septembre a gardé son « chérie ». Après quelques années à Berlin, Marina Otsuka et son compagnon plasticien Hervé Humbert ont investi ce petit commerce pour en faire un café nippon ainsi qu’un lieu d’expositions, de concerts et de lectures poético-culinaires. Pour autant experte en cafés, Marina y propose d’exceptionnels thés venus du Japon, un cake au thé matcha d’une infinie gourmandise mais surtout des wagashi (ces petites douceurs de pâte de riz fourrée d’une beauté et d’une poésie infinies) à déguster avant un mousseux matcha, comme à la cérémonie du thé.

VAGUE

Rue de Grille, entre les murs en pierre de taille et les espaces voutés d’un magnifique hôtel particulier du XVIIe siècle, le designer et architecte d’intérieur japonais Teruhiro Yanagihara et Fanny Pellegrin ont ouvert Vague. Dans ce lieu habillé de meubles chinés par Julie Barrau dialoguent harmonieusement créations artistiques et culinaires comme ces gelati aux saveurs atypiques créées par la chercheuse culinaire Sayuri Sakairi, à partir d’ingrédients locaux métissés d’influences japonaises.

INARI

Si tant est qu’il faille encore présenter Céline Pham, la virtuose cheffe d’origine vietnamienne qui après quelques années d’itinérance et de résidences, de Papille à Fulgurances, a fait son nid dans une ancienne chapelle du XIIIe siècle de la Place Voltaire.

Répondant au doux nom d’Inari, divinité shintoïste japonaise du riz, des moissons et de la fertilité, le restaurant de Céline Pham se définit comme une « cuisine de marché ». Aux pianos de la cheffe s’accordent les produits du terroir arlésien avec son héritage vietnamien.

Confiée à Julie Barrau, la décoration de la salle au sol orange, faite de tables et chaises chinées et d’un vaisselier réalisé par l’Atelier Colette Doré, atelier local de restauration et création de mobilier habitent avec sobriété le lieu.

Dans les assiettes toujours délicatement envoyées, un tataki de bœuf du Limousin au summum accompagné de chou rave, concombres, kimchi de fenouil, pickles de moutarde et pourpier suivi d’un muge de Méditerranée et courges d’été, haricots de Paimpol, shizo rouge et miso blond.

L’Hôtel Présent

De l’audace ! De l’audace ! C’est que Guillaume Le Donche, le fondateur de l’Hôtel Présent, situé sur la place Voltaire, en a à revendre. Le bâtiment, construit en 1953 par l’architecte en chef de la reconstruction d’Arles, Pierre Vago, fervent défenseur du Mouvement moderne, vient de renaître sous la houlette de ce jeune homme féru d’architecture et de mobilier vintage. L’architecture du bâtiment, soulignée par les volets peints et les terrasses toutes carrelées d’un jaune pétillant sont habillées de chaises Matrix.

A l’intérieur, il en ressort, n’en déplaise aux superstitieux, treize chambres qui se font l’écrin de pièces minutieusement chinées. Sur le mur face au lit de la chambre 303, une lithographie de Jean Cocteau de 1963, cadeau de la compagne de Guillaume. Les salles de bains, parées de carreaux rouge-ocre qui se dévoilent par le prisme d’une paroi en pavés de verre, se veulent un hommage à l’une des plus importantes réalisations architecturales de la première moitié du XXe siècle, « la maison de verre » des architectes Pierre Chareau et Bernard Bijvoet et de l'artisan ferronnier Louis Dalbet. Une esthétique poussée jusque dans les pièces d’aisance, en clin d’œil aux préceptes de “L’éloge de l’ombre” de Jun'ichirō Tanizaki.

Poser ses valises à l’hôtel Présent, c’est bien pour profiter du temps (présent). Dans les chambres, point de téléviseur, mais une bibliothèque aux titres choisis par des maisons d’éditions indépendantes spécialisées dans l’architecture, l’art et la littérature. Point de mini-bar non plus mais une mini-cave de vins naturels de petits exploitants vignerons.

Le toit-terrasse, entièrement carrelé de bleu-azur est l’endroit où prendre de dynamitants cocktails avec un mirobolant panorama sur la ville.

De l’audace encore dans les cuisines campées en 2023 par la cheffe algéro-finlandaise Maud Saddock ! Assis à la terrasse de la place Voltaire aux rayons déclinants du soleil et laisser venir le temps des réjouissances… au goût en entrée de ces insoupçonnées croquettes au thon et pommes de terre relevées d’une émulsion à la ciboulette à se damner. En plat, de cette truite banka et sa salade de fenouil et carottes rôties accompagnées d’une renversante crème de hareng. Et en dessert de ce financier noisette, abricot nectarine marié à une gourmande crème mascarpone.

Les Cabanettes

Construit dans les années 60 sous l’impulsion d’un couple d’hôteliers visionnaires, Louise et Marc Berc, par l’architecte, décorateur et sculpteur Armand Pellier, cet ovni moderniste installé en bordure de la nationale 572 aux portes de la Camargue a été labellisé « Architecture Contemporaine Remarquable » par le ministère de la Culture.

Les Cabanettes ont permis à son architecte de livrer la pleine mesure de son savoir-faire dans une œuvre d’architecture totale. Mobilier, luminaires, ou encore ferronneries décoratives… Armand Pellier en a dessiné les moindres détails, participant en cela à l’harmonie d’un ensemble décoratif singulier.

Ce trésor architectural à l’identité affirmée a pu être préservé grâce au respect et à la vigilance de tous ses propriétaires, aujourd’hui le couple franco-américain Gaëlle et Aaron Redlin-Bihr.

Hôtel Nord-Pinus

Campé sur la pittoresque place du forum plantée de platanes où se trouve la statue de l’écrivain Frédéric Mistral, le mythique hôtel arlésien Nord-Pinus.

Il fut la propriété du clown Nello et sa compagne Germaine, chanteuse d’opérette. Picasso, Cocteau et bien d’autres y avaient leurs habitudes. Fernandel y prenait son pastaga attablé au comptoir.

De la façade dans laquelle se trouve encastrée les vestiges d’un forum romain à la décoration un brin désuète et l’ambiance surannée, tout concourt à vous plonger dans un autre temps…

 

 


Montreuil-sur-Mer

Sur la Côte d’Opale non loin du Touquet, dans une cité fortifiée où comme son nom pourrait le laisser penser les flots viennent la chahuter, la ville de Montreuil-sur-Mer est une belle citadelle cernée par la campagne. Ici point de port, et de rives il n’y a que celles de la Canche qui coule en contrebas pour se jeter quelques kilomètres plus loin dans la Manche.

Depuis qu’il a repris en 2003 le flambeau de l’hôtel-restaurant La Grenouillère à la Madelaine-sous-Montreuil tenu par son père Roland, aujourd’hui doublement étoilé, le chef Alexandre Gautier ne cesse en son pays natal de conjuguer des lieux au passé recomposé. C’est à quelques marches des remparts, dans une charmante bâtisse XIXe du centre bourg à la façade revêtue de vert sombre qu’Alexandre Gautier a décidé d’accueillir ses hôtes pour y pioncer dans des chambres qu’il a qualifié « de circonstance » où tout rentre en résonnance ; le lieu et son histoire, la cuisine et son territoire.
Dans la réception parquetée aux murs et plafond tout de vert recouverts est peint un plan de la ville réalisé à la main par le peintre en lettres Maksigns. Les murs du vestibule et du haut de l’escalier qui monte aux chambres ont conservé leur ancien papier à fleurs. Le salon à la cheminée d’origine se fait lui l’écrin d’un tableau de Jan Lavezzari représentant un bateau échoué dans la baie d’Authie dont les tonalités ont inspiré toutes celles de la maisonnée. Vous pourrez vous y prélasser dès votre arrivée avec en guise de bienvenue une limonade maison ainsi que des sablés aux baies de genévrier.

Dans le jardin d’hiver où la vigne s’épanouit trône une hotte d’acier brut dans une niche à feu en béton maçonné d’un blanc immaculé.
A l’étage, les chambres sont desservies par un couloir baigné de lumière et de jeux d’ombres qu’anime aux beaux jours la glycine longeant la façade. Dans la chambre couchette, l’une des quatre chambres de circonstance, siège la réédition d’une baignoire ancienne entre le boudoir et le lit lové dans une alcôve peinte en jaune brillant.
Disséminés dans de nombreux recoins de PieuX, les collages au charme suranné et à l’humour décalé de l’artiste graphiste Mélanie Busnel renvoient au passé de la rue des Etuves, où les prostituées ont longtemps travaillé.
Dans la salle du petit déjeuner vous vous installerez sur des chaises d’écoliers pour vous régaler le matin d’une brioche de La Grenouillère, de confitures, de miel foisonné, de praliné et d’un granola maisons, ou bien encore de yaourts et fromages de la fromagerie voisine…

Une fois le petit déjeuner englouti, je vous invite à une promenade le long des remparts, dont le tour complet sur trois kilomètres vous fera admirer d'un côté la vallée de la Canche et le plateau du pays de Montreuil et de l'autre la vue sur les toits de la Ville Basse. Rendez-vous ensuite au cœur de la cité, au numéro 5 de la place Darénal acheter Au Gré des Blés l’un des meilleurs pains au chocolat de France, que vous dégusterez sur cette place ombragée qui mérite de s’y attarder. Cette adresse n’étant pas ouverte toute la journée, il vous faudra descendre plus tard dans la Ville Basse et traverser les voix de chemins de fer et la Canche, pour vous rendre à la seconde adresse d’Au Gré des Blés, y prendre de quoi goûter d’une ineffable brioche feuilletée. Faits avec des farines issues de variétés de blés anciens et paysans, les pains confectionnés par Ulysse Toulet sont exclusivement au levain naturel et panifiés sur de longues fermentations.  Il vous faudra laisser conter l’Odyssée, le pain emblématique de la maison. 

Pour les amateurs de frometon, direction 14 place du Général de Gaulle, à la fromagerie Caseus. Dans cette accueillante crémerie qui fait la part belle aux fromages du nord vous pourrez aussi partir à la découverte d’autres spécialités fromagères de France ou d’ailleurs et terminer par de succulents yaourts fermiers de la ferme du Sire de Crequy infusés au thym citronné, à la menthe ou bien même à la citronnelle.

Sur la même place du Général de Gaulle, vous ne pourrez manquer l’adresse « bistrotière » d’Alexandre Gauthier à sa devanture noir mat et ses chaises jaune poussin en terrasse. Au Grand’Place Café la devise « Café quotidien, petite restauration et semainier de plat ouvriers. » donne le ton ! Ainsi que la décoration tout à trac : du plancher de l’appartement du dessus effondré laissant apparaître un vieux papier peint jusqu’aux aux murs grattés. À la carte, un fish & chips à faire pâlir d’envie les habitants d’Outre-Manche ; au semainier, un opulent vol-au-vent archi feuilleté vous invite à venir vous y attabler le jeudi ainsi qu’un plaisant cordon bleu et coquillettes le samedi…


Non loin de l'abbatiale Saint-Saulve construite au XIIe siècle, c’est entre les murs de l’ancien Hôtel Dieu, à L’Anecdote, qu’Alexandre Gautier rend hommage à la cuisine de son père Roland lorsqu’il ouvrit La Grenouillère en mars 1979, y faisant revivre ces recettes oubliées nous assurant des moments d’ivresse, où l’amour à longs flots nous verse le bonheur*. Une cuisine de mémoire où au menu ce jour-là en entrée, le haddock fumé nageait dans un orgasmique velouté d’asperges blanches.


Enfin, avant que la nuit ne tombe, hâtez-vous d'aller musarder à cette heure fugitive en haut des remparts avant de rejoindre votre PieuX y entendre aux dernières lueurs le vent qui murmure, les herbes hautes qui susurrent. Une fois rentrés, laissez-vous bercer par les craquements du bois dans la cheminée ; de ce séjour vous garderez le souvenir d’un temps au cours suspendu, de trop rapides délices ; implorant quelques moments encore.

*Le Lac, Alphonse de Lamartine


Florence

C’est sous le soleil de l’Italie, en plein cœur de la Toscane sur les rives de l’Arno, que se sont dressées dans la magnificence les pierres de Florence. Nulle part ailleurs vous ne trouverez autant de palais et d’édifices marqués par le génie des artistes de la Renaissance.

A commencer par la piazza del Duomo, sur laquelle ont été érigés la Cathédrale Santa Maria del Fiore, son baptistère et son campanile. Vous pourrez ainsi admirer la ville du haut de la cathédrale (et de ses 463 marches…). Un conseil ? Regardez l’heure à laquelle doit se coucher le soleil et programmez votre visite pour voir Florence s’illuminer à la tombée de la nuit depuis le sommet du Duomo…

Et quand bien même vous ne passeriez qu’une journée à Florence, s’il est un musée qu’il faut arpenter, c’est bien la Galerie des Offices, qui est à Florence ce que le Musée du Louvre est à Paris. Dans le dédale des salles jouxtant les allées de la Galerie, laissez-vous éblouir par l’annonciation de Simone Martini exécutée pour la cathédrale de Sienne, par l’adoration des mages de Gentile da Fabriano ainsi que par le flamboyant triptyque Portinari du peintre primitif flamand Hugo van der Goes. Livrez-vous devant la bataille de San Romano de Paolo Uccello… Puis après un passage obligé dans les salles consacrées à Léonard de Vinci et à Botticelli, vous pourrez vous abandonner dans celles réservées aux peintres allemands, boudées par les touristes et admirer entre autres Adam et Eve de Granach l’Ancien.

Vous n'éviterez pas la file d’attente aux portiques de sécurité mais vous vous épargnerez au moins celle de l’achat des billets en réservant en ligne (vous aurez aussi la possibilité d'y prendre vos entrées pour le Palais Pitti).

Vous pourrez également admirer quelques chefs d’œuvre de grands maîtres de la Renaissance dans l’église gothique de Santa Maria Novella, dont les murs du cloître vert sont ornés de fresques de Paolo Uccello. N’en partez pas sans passer par l’une des plus anciennes et plus magnifiques pharmacies d’Europe, attenante à l’église, l’officina di Santa Maria Novella, fondée en 1612.

Accordez-vous par ailleurs une parenthèse loin des circuits touristiques au Musée Horne. Près des rives de l’Arno, dans un palais typiquement florentin datant du XIIIe siècle, le Palazzo Corsi, sont abritées les collections de l’historien d’art et collectionneur britannique Herbert Horne dont le splendide Santo Stefano de Giotto, l’emblème du Musée.

Pour une pause gourmande, rendez-vous via Tornabuoni chez Procacci, dans cette institution où depuis 1885 la truffe est reine. Il vous faudra néanmoins jouer des coudes au comptoir car c’est ici que toute la bourgeoisie florentine se donne rendez-vous pour savourer, un succulent verre de vin à la main, ces petits pains à la crème de truffe ou bien au brie truffé et à la confiture de figues.

Dans un registre un peu moins affriolant, je vous invite toutefois à goûter au plat typique de la cuisine de rue florentine, le lampredotto, constitué de l'une des quatre poches de l'estomac de bovins coupé en petits morceaux et mangé dans un pain toscan. Très populaire, vous pourrez vous en repaître dans de nombreux kiosques, comme des hot-dogs à New-York… Nous avons testé celui de Lorenzo Nigro, au premier étage du Mercato Centrale.

Sachez également que quelle que soit la saison, déguster des glaces est pour un italien indissociable de la passegiatta. Les glaciers sont donc ouverts toute l’année et parfois jusque tard dans la soirée. Afin de goûter à cette fameuse « douceur de vivre » à l’italienne, voici donc une sélection d’adresses où assouvir cette gourmandise :

Chez Perché no, à trois ruelles de la piazza della Signora. Ce glacier très touristique, ouvert depuis 1939, propose des parfums étonnants de saveurs et de textures comme la mousse de ricotta.

Donnant sur la petite piazza della Passera dans le quartier d’Oltrarno, vous y trouverez un glacier grand comme un mouchoir de poche. Les glaces et sorbets de la Gelateria della Passera sont parmi (si ce ne sont) les meilleurs de Florence… Fabriqués sur place avec des produits de saison et de grande qualité. Testez donc la glace à l’amande ou bien encore en hiver celle au kaki, qui m’a laissé un souvenir délectable.

Dans le quartier de Santa Croce, faites une halte chez Vivoli. Ce glacier à la décoration désuète le plus réputé de la ville régale les florentins et les touristes depuis 1929 de délicieux parfums sans aucun additifs ni conservateurs tels que l’inouï riz au lait…

Et où donc déguster de savoureuses spécialités toscanes ? Sur la charmante piazza della Passera, la trattoria Quattro Leoni sert de divins plats de pâtes !

Enfin, où dormir ? Je pourrais vous sommer de prendre vos quartiers au sud de l’Arno, dans le si pittoresque quartier d’Oltrarno chez Ad’Astra, dans une demeure familiale ancestrale du XVIIIe siècle donnant sur le plus grand jardin privé d’Europe, le jardin Torrigiani. Depuis le salon donnant sur la terrasse avec vue sur le jardin jusqu’aux chambres, la décoration mêlant meubles et objets chinés à des créations contemporaines est le fruit d’une collaboration entre l’architecte Francesco Maestrelli, le designer d’intérieur Matteo Perduca et son frère Marco. Dans cette demeure aux splendides plafonds peints d’époque et décorée de mobilier des années 50 à 70, les créateurs d’Ad’Astra ont réussi à créer une atmosphère unique en plein cœur du quartier le plus charmant de Florence…


Londres

Londres

Ottolenghi Notting Hill

Reconnu comme l'un des chefs les plus talentueux de sa génération, Yotam Ottolenghi possède plusieurs restaurants à Londres, dont celui de Notting Hill, le premier d'entre eux. Il serait pour moi inconcevable de faire un séjour dans la capitale britannique, même d'une journée, sans y passer. Du petit déjeuner jusqu'à la fin de la journée, vous pouvez vous y délecter de mets les plus divers. Plus de place sur la grande table pour y déjeuner ou y goûter ? Qu'à cela ne tienne, prenez à emporter pour pique-niquer ! Les salades y sont fameuses, les pâtisseries délicieuses.

Egalement auteur de livres de cuisine à succès, Yotam Ottolenghi nous régale de plats d'inspiration Moyen-Orientale aux épices et associations audacieuses telles que l'orange et la noisette dans une salade de haricots verts et pois gourmands ; la cannelle et le citron associés à une poêlée de champignons... Et je ne vous parle pas de ce cake à la mûre et à l'anis pour lequel seul je ferais le voyage.

Frenchie Covent Garden

Après avoir ouvert quelques adresses devenues célèbres rue du Nil à Paris, c'est dans le quartier de Covent Garden que le chef français Gregory Marchand a donné naissance à son dernier Frenchie au 16 Henrietta Street. Brasserie contemporaine à la décoration soignée, pour ceux friands d'une cuisine traditionnelle, savoureuse et inventive !

Neal's Yard Dairy

Que les férus de fromages se rassurent, ce n'est pas à Londres qu'ils vont rester sur leur faim !

A son ouverture en 1979, le fondateur de Neal's Yard Dairy, Randolph Hodgson, a été l'un des premiers à relancer la production de fromages artisanaux anglais en voie de disparition. Neal's Yard Dairy les sélectionne auprès d’une quarantaine de producteurs des îles Britanniques dont la plupart sont tout d’abord affinés dans les fermes. Mais l’entreprise possède aussi à Bermondsey des caves en briques.

Dans cette minuscule échoppe du 17 Short's Gardens trônent sur les étagères parmi les meilleurs Cheddar (si ce ne sont les meilleurs !) que vous puissiez trouver, des Stilton onctueux et également un Tunworth crémeux (entendez par là un cousin du camembert). Les fromages d'outre-Manche vous parlent peu ? Qu'à cela ne tienne, vous pouvez tous les goûter ! Histoire de revoir votre opinion sur la gastronomie britannique...

L'écrivain Somerset Maugham a écrit " Si vous voulez bien manger en Angleterre, prenez trois breakfasts ". Décédé en 1965, il aurait semble t-il disparu un peu tôt, n'ayant pu se régaler dans tout ce que Londres compte aujourd'hui d'adresses où bien manger !

Ottolenghi 63 Ledbury Road, Notting Hill

Frenchie Covent Garden 16 Henrietta Street, Covent Garden

Neal's Yard Dairy 17 Short's Gardens


Gand

Envie d'une échappée ? A un peu plus de deux heures de train de Paris, rendez-vous dans le chef-lieu de la Flandre Orientale en Belgique. Située à la confluence de la rivière Lys et du fleuve Escaut, Gand est une cité portuaire au riche passé.

La ville a gardé son centre historique médiéval, plein de petites rues pavées et de monuments chargés d’histoire… Au pied de son Beffroi, classé au patrimoine mondial de l'Unesco qui jouxte la halle aux draps, se trouve la Cathédrale Saint-Bavon, écrin du retable de L'Agneau Mystique, joyau de la peinture occidentale signé Hubert et Jan Van Eyck. Le Stadhuis, l'Hôtel de Ville, étonnant bâtiment mêlant une architecture de style gothique flamboyant tardif du début du 16e siècle d'un côté à une aile de style renaissance de l'autre, inspirée des palais italiens, déploie tous ses atours, illuminé à la nuit tombée.

Rendez-vous en flânant le long de la Lys, sur le Graslei, le quai aux herbes, et son enfilade de maisons élégantes aux façades de style roman, gothique ou Renaissance au Groentenmarkt, la place du "marché aux légumes". Il vous faudra vous arrêter au n°1, chez Himschoot où la file d'attente des gantois dès tôt le matin ne laisse pas de place au doute... C'est bien ici qu'il faut venir faire provisions de pains et de gâteaux ! Il ne vous faudra pas non plus repartir de Gand sans vous être arrêtés à la boutique d'à côté, chez Tierenteyn. Dans cette épicerie fine, entreprise familiale depuis 1790, on y fabrique une moutarde artisanale ainsi que des pickles et autres aromates...

Une adresse où faire ripaille ? Pour les faims de loup, non loin du Design Museum, le musée du design, rendez-vous chez Mémé Gusta. Et ici, on ne pousse pas mémé dans les orties. On y sert de bons plats roboratifs de tradition flamande revisités. Vous pourrez vous y goberger d'un exceptionnel os à moelle en entrée, agrémenté de légumes en pickles. Et en plat de résistance, d'une fameuse carbonade flamande !

Un endroit où faire une pause gourmande ? Après une flânerie dans l'ancien béguinage Sainte-Elisabeth, l'un des trois béguinages de Gand, faites une halte chez Huset, un salon de thé où vous pourrez également y déjeuner, installé dans une maison de maître du 19e siècle à la décoration surannée... Pour y prendre un café ou un chocolat chaud accompagné d'une délicieuse pâtisserie maison tout en vous prélassant dans le salon.

Enfin, point de séjour à Gand sans une visite au MSK, le Musée des Beaux-Arts. Vous pourrez y admirer six siècles de peinture flamande, du Moyen-Age (Jheronymus Bosch) et de la Renaissance (Rubens, Anton Van Dyck...) aux grands courants des 19e et 20e siècles...


Anvers

Capitale mondiale du diamant, Anvers recèle de bien nombreux bijoux...

A commencer par l'immense gare d'Anvers-Central, la cathédrale du chemin de fer, joyau de l'architecture belge.

Mais c'est au coeur de la cité, non loin du fleuve l'Escaut que se nichent d'autres trésors. La Grote Markt, la Grand Place, entourée d'une part par l'Hôtel de Ville, inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco, et d'autre part par de splendides maisons de guildes, offre une merveilleuse illustration de l'âge d'or d'Anvers, au 16e siècle, quand le port flamand formait un centre économique majeur en Europe. Il reste aujourd'hui le deuxième plus grand d'Europe. Juste derrière, la cathédrale Notre-Dame, chef d'oeuvre d'architecture gothique, élance sa flèche à 123 mètres au-dessus de la vieille ville. Elle y recèle quatre tableaux du grand maître du baroque, Pierre Paul Rubens. Peintre emblématique de la ville, il y a vécu une grande partie de sa vie et y est mort en 1640. Vous pourrez par ailleurs visiter la Rubenshuis, son ancienne maison et atelier.

Nombreux sont les musées à Anvers mais ne quittez pas la ville sans avoir visité sans doute le plus beau de tous... Le Musée Plantin-Moretus, le seul au monde à être inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Cette demeure patricienne abritait l'imprimerie fondée au 16e siècle par Christophe Plantin, qui fut le plus grand imprimeur-éditeur de la Renaissance en Europe.

Un peu plus à l'écart du centre ville, en plein milieu de l'Eilandje, la plus ancienne zone portuaire d'Anvers, se dresse le MAS / Museum ann de Stroom, musée à l'étonnante architecture constitué de pierres rouges et de verre ondulant, qui offre de chaque étage et jusqu'au toit terrasse un panorama différent sur la ville. Musée de l'histoire d'Anvers, il regroupe les collections de plusieurs musées anversois, notamment du musée national de la Marine, du musée du Folklore et du Musée ethnographique.

Et pour sortir des sentiers battus, rendez-vous dans le quartier de Berchem flâner dans la rue Cogels-Osylei et ses rues adjacentes admirer une succession de splendides maisons bourgeoises de style Art Nouveau, Néo-Gothique, Néoclassique et Tudor datant de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle. Empruntez également l'escalator du tunnel Sainte Anne, datant des années 1930, long de plus de 500 mètres, qui passe sous l'Escaut.

Enfin, j'allais y venir... Où pourrez-vous acheter de quoi vous régaler ? Au n°31 Korte Gasthuisstraat, chez Goossens, où les anversois se rendent pour les pains ainsi que les nombreuses gourmandises qui nous font de l'oeil dans les vitrines ! Allez-y le matin (et de bonne heure de préférence, afin d'éviter l'affluence).

Et à la question essentielle : où donc manger d'excellentes frites, servies dans un authentique cornet en papier ? La réponse est sans appel : chez Fritkot Max, au n°12 sur Groenplaats, la plus ancienne des friteries de la ville.